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Gilles Babinet alerte : l’IA change tout. PME et dirigeants doivent agir vite pour ne pas perdre leur valeur stratégique et rater la transformation numérique

L’intelligence artificielle n’attend pas : ce que Gilles Babinet veut dire aux entreprises françaises

Comment les entreprises françaises doivent se préparer à l’impact stratégique de l’IA

Un choc numérique bien amorcé… mais encore très inégal

Gilles Babinet, entrepreneur, expert du numérique et actuel co-président du Conseil national du numérique, s’inquiète d’un retard structurel des PME et ETI françaises face à l’essor de l’intelligence artificielle. Si les grands groupes du CAC 40 se montrent capables d’intégrer cette nouvelle donne dans leur stratégie, ce n’est pas le cas de la majorité du tissu économique français.

Le paradoxe ? La France forme des talents brillants dans le numérique, mais ces compétences peinent à irriguer le monde de l’entreprise. Pour Babinet, c’est un gaspillage de potentiel inacceptable à l’heure où l’IA redéfinit les règles du jeu à une vitesse inédite.

Des entreprises encore bloquées dans les silos

Le diagnostic est clair : les organisations françaises restent trop cloisonnées. La gouvernance de la donnée est souvent floue, parfois verrouillée par une mauvaise interprétation des règles comme le RGPD. Résultat : les projets IA sont pilotés dans un cadre étroit, technique, sans vision d’ensemble.

Gilles Babinet appelle à une refonte structurelle. Il imagine une informatique plateformisée, débarrassée des silos. Les entreprises de demain devront s’appuyer sur des architectures agiles, ouvertes et transversales, capables de capter, traiter et valoriser les données en continu.

Trois niveaux d’action pour transformer l’entreprise

Pour éviter l’effet gadget ou “case cochée”, Babinet propose une grille de lecture simple mais puissante :

1. Transformation incrémentale : automatiser certains processus pour gagner du temps ou de l’efficacité.

2. Transformation de rupture : redéfinir son offre, son modèle économique, changer de posture sur son marché.

3. Transformation stratégique : bâtir une vision de long terme, créer une culture numérique capable d’anticiper les mutations profondes.

Ce triptyque invite à penser l’IA comme une transformation d’organisation, et non comme un outil de plus dans la boîte.

Fuir les solutions opaques : réinvestir la maîtrise d’ouvrage

Autre alerte : la tentation des boîtes noires. De nombreuses entreprises françaises sous-traitent intégralement leur IA à des plateformes américaines, sans en comprendre les ressorts. C’est une dépendance risquée, stratégique, économique, voire démocratique.

Babinet exhorte les dirigeants à reprendre la maîtrise d’ouvrage (MOA) de leurs projets numériques. Il plaide pour un usage raisonné de l’open source, qui garantit transparence, éthique, et capacité d’adaptation.

Une perte de valeur déjà mesurable

Il n’est plus temps de tergiverser. Gilles Babinet chiffre la perte de valeur potentielle à 4 à 5 % de l’EBITDA pour les entreprises qui n’investissent pas sérieusement dans l’IA.

Et cette perte est souvent invisible, progressive, car liée à une déconnexion stratégique : l’entreprise devient moins agile, moins compétitive, moins désirable pour ses talents.

L’illusion de la régulation comme solution unique

Si une régulation équilibrée est nécessaire, Gilles Babinet critique la tentation française de tout attendre des règles. Une innovation bloquée par la peur de mal faire, ou une obsession réglementaire, devient une innovation qui n’aura jamais lieu.

Il appelle à un changement de culture : l’expérimentation, la co-construction, la réflexivité doivent guider l’usage de l’IA, en entreprise comme dans la société.

Penser le futur sans trop vouloir le prédire

Sur la prospective, Babinet reste lucide : au-delà de 12 mois, les prévisions sont peu fiables dans un monde technologique aussi mouvant. L’important n’est pas tant de prévoir que de se doter des bons capteurs, des bons questionnements.

Ce que l’IA transforme le plus, c’est notre rapport au savoir, au temps, à la décision. L’entreprise qui saura développer une agilité cognitive a une longueur d’avance.

Une France qui doute… mais qui a des forces

L’un des points saillants de son analyse est ce paradoxe français : un écosystème cohérent, dense, souvent en avance sur ses voisins… mais qui doute de lui-même.

Il appelle à dépasser ce réflexe autocritique pour retrouver confiance dans les compétences françaises, dans le modèle de la République numérique, dans une IA ouverte à tous et orientée vers le bien commun.

Café IA : réconcilier citoyens et technologie

Au-delà des entreprises, Gilles Babinet veut ouvrir la réflexion à la société entière. C’est tout le sens de son initiative Café IA, des ateliers citoyens dans toute la France pour dédramatiser l’intelligence artificielle, créer du débat et favoriser l’appropriation.

Objectif : 2 millions de participants d’ici 2027.

Et maintenant ? Que peuvent faire les dirigeants ?

Les recommandations sont claires :

• Identifier les usages IA utiles à court terme pour leurs métiers.

• Former les équipes, les managers, les décideurs à une culture numérique éclairée.

• Recréer de la transversalité dans l’entreprise.

• Intégrer l’IA dans les processus de gouvernance, d’innovation et de décision.

• Développer une vigilance prospective pour rester compétitif.

Mais surtout, agir vite, avec lucidité, créativité, et responsabilité.

Pour aller plus loin

📺 FR3 Nouvelle-Aquitaine a récemment consacré un reportage à ces enjeux autour de l’IA et de la plateforme Evalir.net, une initiative citoyenne née en Dordogne :
👉 Voir le reportage sur France 3